Voilà un tout nouvel éditorial qui va parachever notre revue de presse sur « la justice ».
Son titre suggestif (La famille de l’avocat fauché par une fourgonnette à Toronto se souvient d’un homme dévoué) en dit long.
Sachez que le chroniqueur (présenté sous le nom d’anonymat
) est reconnu comme quelqu’un de sérieux pour plusieurs autres articles qu’il a publiés sur le web.
Il n’y a pas de raison de ne pas croire du sérieux de ces révélations.
La date d’édition est 2023-09-05 17:06:00.
Anh Chiem a été condamnée, mercredi, à la perpétuité pour le meurtre prémédité de Scott Rosen en 2020 dans un garage souterrain de Toronto. La meurtrière de 64 ans avait tué l’avocat parce qu’elle le blâmait pour ses déboires financiers au sujet d’une transaction immobilière qui avait mal tourné avec son ex-gendre.
Anh Chiem a automatiquement été condamnée à la prison à vie, sans droit de libération conditionnelle avant 25 ans, à l’issue du verdict de culpabilité du jury à cause de la préméditation du meurtre.
L’audience devait néanmoins permettre à la famille Rosen de lire des déclarations sur l’impact que le crime a eu sur sa vie. Elle a d’ailleurs donné lieu à d’émouvants témoignages de la part des proches de l’avocat de 52 ans.
Une famille irritée et anéantie
La mère de la victime, Frima Rosen, qui était venue de Montréal pour l’occasion, a certes prononcé les mots les plus touchants. La peine d’avoir perdu mon fils avant ma mort est indescriptible
, dit-elle, inconsolable.
Le chagrin, la solitude et la colère m’habitent toujours et aucun châtiment, aussi sévère soit-il, ne ramènera mon fils
, poursuit Mme Rosen.
Un véhicule de police est stationné devant le garage souterrain, où l’avocat Scott Rosen a été happé à mort par une camionnette de location U-Haul.
Photo : Radio-Canada / Chris Langenzarde
Elle affirme que son fils était un brillant avocat, qu’il adorait sa famille et qu’il avait encore toute sa vie devant lui.
Mon défunt mari chérissait notre fils, il était notre dernier enfant, il était notre bébé… même s’il avait 52 ans
, déclare-t-elle.
Mme Rosen a en outre dit espérer que d’autres parents ne connaissent jamais la perte d’un enfant. C’est le pire cauchemar qu’une mère puisse affronter dans la vie
, conclut-elle.
Des marques de fourgonnette sont visibles sur le mur du stationnement souterrain où l’avocat Scott Rosen a été tué le soir du 18 décembre 2020.
Photo : Radio-Canada / CBC
L’épouse de Scott Rosen a pour sa part affirmé qu’elle n’était plus la même et qu’elle éprouvait des difficultés à élever seule ses enfants.
Nous avons survécu ensemble à un cancer et à une crise cardiaque
, confie Élise Middlestadt. Je ne pourrai plus jamais lui dire que je l’aime
, souligne-t-elle.
Mme Middlestadt explique à la barre des témoins qu’elle a dû vendre sa maison après la mort de son mari ainsi que sa moto pour arrondir ses fins de mois.
J’ai perdu ma confiance et ma force et je m’inquiète pour nos enfants
, précise-t-elle.
Son père, Martin Middlestadt, lui a toutefois remonté le moral dans sa déclaration. Notre fille est forte, mais ce crime met sa force à l’épreuve jusqu’à ses limites
, dit-il.
Toute la famille a vanté les qualités de Scott Rosen en tant que père, fils, frère et gendre. Son confrère de travail, Cameron Ross, a en outre mentionné son professionnalisme.
Une meurtrière dans le déni
M. Ross affirme par ailleurs qu’il est devenu paranoïaque après le meurtre. J’avais peur qu’elle ne s’en prenne maintenant à moi ou qu’elle n’engage quelqu’un pour m’attaquer
, dit-il.
À son arrestation, je me suis senti plus en sécurité
, poursuit-il.
Il souligne que le meurtre de son collègue est incompréhensible dans la mesure où nous n’avons jamais envoyé quiconque en prison
.
L’enseigne du cabinet d’avocats où travaillait la victime, Scott Rosen, sur l’avenue Eglinton dans le quartier Midtown de Toronto.
Photo : Radio-Canada / CBC
Il traite au passage la meurtrière de femme immorale
, narcissique
et incompétente
en affaires.
Il ne fait aucun doute, selon lui, qu’elle a commis le meurtre. C’est son choix de mentir et de nier les faits, mais elle ne se repentira jamais
, ajoute-t-il.
Avant de la condamner, le juge Peter Bawden, de la Cour supérieure de l’Ontario, a demandé à la meurtrière si elle avait quelque chose à dire.
Debout, en larmes, à côté de son interprète, Anh Chiem a répété en vietnamien qu’elle était innocente, provoquant impatience et irritation parmi les membres de la famille de Scott Rosen.
Anh Thu Chiem a été arrêtée quatre jours après le meurtre de l’avocat Scott Rosen le 18 décembre 2020.
Photo : AVEC L’AUTORISATION DE LA POLICE DE TORONTO
Tout ceci est injuste pour moi, je ne l’ai pas tué
, dit-elle.
J’ai été blâmée, sa famille souffre, mais qu’en est-il de ma famille? Comment puis-je vivre maintenant que je suis condamnée?
, s’interroge-t-elle.
Le juge n’a pas voulu l’interrompre, mais il s’est montré moins patient après un plaidoyer inopiné de 10 minutes. Cela s’est somme toute bien passé, n’est-ce pas?
, dit-il de façon sarcastique à la cour.
La criminelle sexagénaire pourra soumettre une demande de libération dans 25 ans, si elle est toujours en vie.
Le juge a toutefois fait savoir que la Commission des libérations conditionnelles sera avisée que Mme Chiem est une menteuse pathologique
.
Rebondissement de la matinée
La journée avait déjà mal commencé pour la famille Rosen, lorsque la défense d’Anh Chiem a fait savoir à la cour que sa cliente ne voulait pas venir assister à son audience sur la détermination de la peine.
Elle avait expliqué que la femme voulait rester au lit dans sa cellule, qu’elle se sentait mal et qu’elle s’était mordu la langue, mais elle n’a pas précisé si la meurtrière s’était infligé des blessures ou non.
Le magistrat avait alors suggéré à l’avocate Naomi Lutes de proposer à sa cliente d’assister à l’audience par vidéo de la prison Vanier à Milton.
Le complexe correctionnel de Maplehurst à Milton à l’ouest de Toronto. L’établissement Vanier est réservé aux femmes.
Photo : Carte de Google
Mme Chiem est obligée, en vertu de la loi, d’assister à son audience sur la peine
, avait-il expliqué à la cour.
Après une pause qui a permis à la défense de contacter la prison, le juge a alors prononcé une ordonnance pour faire amener la meurtrière au tribunal, quitte à utiliser une force raisonnable
.
Me Lutes a toutefois affirmé que le fait d’obliger par la force sa cliente à venir au tribunal pourrait exacerber sa détresse émotionnelle
. Elle avait proposé un ajournement.
C’était sans compter sur l’exaspération de la famille de Scott Rosen. Frima Rosen avait dit à qui voulait l’entendre qu’elle n’avait pas fait 480 km pour rien.
Le procès d’Anh Chiem devant jury s’est tenu en mode hybride durant six semaines au palais de justice de Toronto.
Photo : Radio-Canada / Esteban Cuevas
Dans son objection, la Couronne a fait savoir qu’elle avait appris des autorités de Vanier que Mme Chiem n’était pas en détresse.
Le juge Bawden a répliqué qu’il ne le croyait pas non plus pour avoir vu l’accusée assister à son procès sans problème durant six semaines
.
Avant d’ajourner la séance pour le dîner avant l’arrivée de la meurtrière, le magistrat s’est montré empathique à l’endroit de la famille Rosen assise dans le prétoire.
Nous attendons cette audience avec impatience, car ce jour inspire la miséricorde. Nous allons enfin savoir qui était Scott et qui est sa famille
, avait-il déclaré.
Le juge avait enfin assuré la famille que Mme Chiem continuerait son chemin vers sa cellule anonyme après la journée d’aujourd’hui et [que] c’est la dernière fois que nous entendrons parler d’elle
.
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