Comment les États se conforment aux sentences arbitrales sur les traités d’investissement: aperçus d’un rapport 2022 sur la conformité

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Au milieu de la tourmente autour du traité sur la Charte de l’énergie (TCE) et du retrait annoncé de la Pologne, de l’Espagne, des Pays-Bas, de la France, de la Slovénie et du Luxembourg, la toute première édition du Rapport sur le respect des sentences arbitrales en matière d’investissement par les États a été publié par le présent auteur.

Alors que la discussion porte généralement sur la question de savoir si les accords internationaux d’investissement (AII) et le mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États (RDIE) qu’ils contiennent sont favorables aux investisseurs et devraient donc être réformés ou même complètement supprimés, comme cela a été le cas au sein de l’UE, la question de savoir dans quelle mesure les États s’acquittent effectivement de leurs obligations internationales et paient les réparations rendues à leur encontre n’est guère débattue.

L’inspiration pour la rédaction de cette étude, couplée à l’objectif plus large de suivre le niveau de conformité des États sur une base systématique et régulière, vient d’un article très intéressant écrit il y a deux ans par feu Emmanuel Gaillard et Ilija Mitrev Penushliski intitulé « Conformité des États avec Récompenses d’investissement”.

La recherche pour ce rapport a été effectuée au cours du premier semestre de cette année et est basée sur des sources accessibles au public (sources gratuites ainsi que derrière des murs payants). La recherche a compilé les différends connus en matière d’arbitrage de traités d’investissement concernant les vingt premiers pays qui ont été confrontés à la plupart de ces différends. Par la suite, la recherche a recueilli les informations disponibles concernant l’issue des différends et, dans tous les cas de sentences défavorables contre les États, a tenté de trouver des informations indiquant si les États se sont conformés ou non à ces sentences en payant le montant de l’indemnisation. Un État est classé comme non conforme chaque fois qu’il refuse de payer la sentence en essayant d’annuler ou d’annuler la sentence soit au niveau du droit international (c’est-à-dire par le biais de l’annulation du CIRDI) soit au niveau du droit national en lançant des procédures d’annulation devant les juridictions nationales. tribunaux.

Le rapport révèle les résultats notables suivants.

Principales tendances en matière de conformité des États avec les sentences arbitrales relatives aux traités entre investisseurs et États

Premièrement, le rapport souligne le nombre élevé d’États membres de l’UE, en particulier l’Espagne, la République tchèque, la Pologne, la Roumanie, la Hongrie, la Croatie, la Slovaquie, l’Italie, la Bulgarie, l’Allemagne et les Pays-Bas, qui ont été confrontés à de multiples différends sur le TCE au cours des dernières années. .

Deuxièmement, l’indice de conformité au droit international, qui a été créé sur la base de ce rapport et vise à classer les États en fonction de leur niveau de non-conformité, révèle que l’Espagne a été confrontée à plus de 50 demandes de TCE intra-UE entraînant des dommages et intérêts. totalisant plus de 9,5 milliards de dollars US à ce jour.

En effet, des sentences défavorables en TCE continuent d’être rendues à l’encontre de l’Espagne, comme dans le Eurus Energy c. Espagne (affaire CIRDI n° ARB/16/4), sentence rendue le 14 novembre 2022), cavalum c. Espagne affaire (affaire CIRDI n° ARB/15/34, sentence rendue le 29 septembre 2022) et la Affaire Mathias Kruck et autres c. Espagne (Affaire CIRDI n° ARB/15/23, sentence rendue le 14 septembre 2022). En outre, le 10 juin 2022, le comité d’annulation ad hoc du CIRDI a confirmé l’attribution défavorable des TCE dans l’affaire Affaire RREEF Infrastructure c. Espagne (Affaire CIRDI n° ARB/13/30).

Plus important encore, le rapport confirme le fait que l’Espagne se classe au deuxième rang mondial (derrière le Venezuela et devant la Russie) le pays qui refuse le plus souvent de payer les sentences rendues à son encontre, avec un encours d’au moins 700 millions de dollars.

Troisièmement, cette étude met en évidence le fait que l’écrasante majorité des litiges intra-UE en matière de TCE concernent en fait les sources d’énergie renouvelables, en particulier le retrait rétroactif des tarifs de rachat garantis pour les parcs solaires et éoliens.

Quatrièmement, alors que, contrairement au récit souvent répété selon lequel le TCE protège principalement les producteurs d’énergie impurs, l’étude montre également que seule une poignée de différends liés au TCE concernent les combustibles fossiles ou l’énergie nucléaire, qui, de plus, sont beaucoup plus souvent réglés que cas d’énergie renouvelable. On peut se référer au Vattenfall c. Allemagne affaire, que l’Allemagne a réglée pour 1,5 milliard d’euros contre 4,7 milliards d’euros réclamés.

De même, le RWE et UNIPER c. Pays-Bas les affaires liées à l’arrêt des centrales électriques au charbon récemment construites ont été effectivement stoppées pour différentes raisons. UNIPER a dû retirer sa demande dans le cadre du programme de sauvetage, ce qui a finalement abouti à la nationalisation d’UNIPER. la RWE l’affaire a été rejetée par un tribunal allemand à la suite d’une injonction réussie des Pays-Bas arguant que le litige est « irrecevable » car il doit être considéré comme incompatible avec la décision de la CJUE Komstroy autre Ahmée jurisprudence. Bien que ce jugement puisse faire l’objet d’un recours devant la Cour suprême allemande, il semble peu probable qu’il statue différemment.

Rapport annuel de conformité et index

En résumé, cette étude fournit une analyse factuelle soulignant que la plupart des litiges relatifs au TCE concernent en fait des mesures liées aux énergies renouvelables, plutôt qu’aux combustibles fossiles, et que plusieurs États membres de l’UE, en particulier l’Espagne, font partie des États les plus non conformes.

Compte tenu de l’évolution dynamique du droit international de l’investissement, en particulier alimentée par le comportement de l’UE et les mesures prises par les États membres de l’UE en termes d’empêcher la reconnaissance et l’exécution des TBI intra-UE et des attributions de TCE intra-UE conformément à la Résiliation Accord pour les TBI intra-UE, l’accord inter-se similaire proposé concernant le TCE et la CJUE micule jugement, ce Rapport de Conformité et l’Index seront mis à jour et élargis progressivement en incluant davantage de pays sur une base annuelle.

Author: Maurice GLAIN