A nouveau, ce site va vous révéler un encart assez complet qui se propage sur le web. La thématique est «la justice».
Son titre saisissant (Alex Spiro, l’avocat qui fait le sale boulot de Musk chez Twitter) récapitule tout le texte.
Identifié sous le nom «d’anonymat
», le rédacteur est connu et fiable.
La fiabilité est ainsi élevée en ce qui concerne cet article.
L’éditorial a été diffusé à une date notée 2022-11-18 01:28:00.
L’avocat Alex Spiro, à New York, l’élégance à la hauteur de la réputation: redoutable.dr.
Avocat de Jay-Z, Kendall Jenner, Mick Jagger et des héros de la NBA, Alex Spiro plaide parfois en rappant sur du Eminem. Aujourd’hui lieutenant personnel d’Elon Musk et de la «war room» de Twitter, c’est lui qui a liquidé 3700 employés d’un seul coup de chasse d’eau juridique. Parcours d’une discrète charogne des tribunaux.
17.11.2022, 18:4818.11.2022, 09:28
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Le 15 juillet 2018, Elon Musk, vexé, décide de traiter un spéléologue anglais de «pédophile». On vous épargne les détails. Le 7 décembre 2019, le milliardaire, soulagé, évite les profondeurs financières d’une condamnation pour diffamation. Une affaire qui résume une énième fois la personnalité du gosse incontrôlable de la tech, mais aussi la ténacité en costume trois-pièces de son avocat personnel: Alex Spiro.
Trois ans plus tard, le même homme liquidera d’un coup sec 25% du personnel de Twitter. Musk, lui, se contentera d’incarner la purge en public. Au train où vont les tweets, ce lieutenant de la «war room» défend désormais jour et nuit les fesses déculottées du boss. Autant dire que, ça, il sait faire.
Gueule d’ange au patronyme de générique Netflix, Alex Spiro (prononcez «spyrow») aurait tout pour voir défiler sa carrière sur grand écran. S’il n’était pas aussi discret. Du moins, en apparence. Avant d’incarner, dans l’ombre et depuis dix jours, le véritable patron de Twitter, le fringuant pénaliste s’est fait les crocs sur les casseroles des stars.
Malgré ses 39 petites années au compteur, le New-yorkais mérite pleinement son surnom de «nettoyeur»: un appétit sans fond pour les affaires qui collent aux doigts et un catalogue de clients aussi prolifiques dans la lumière que dans le pétrin. De Jay-Z à Mick Jagger, en passant par l’ex-star romande de NBA Thabo Sefolosha, Spiro récure l’âme et les chefs d’accusation des stars du sport, du hip-hop et de la finance (ce qui revient souvent au même).
L’actuel ange gardien d’Elon Musk, qui dribblait lui-même dans ses jeunes années à Boston, est très vite devenu l’avocat chouchou des rois du panier.
Comme un air de thriller…
Le grand Thabo Sepholosha avec le grand (façon de parler) Alex Spiro. Le 9 octobre 2015, l’ex-star vaudoise de la NBA est acquittée pour rébellion et trouble à l’ordre public à la sortie d’une boîte de nuit du quartier de Chelsea, à New York.keystone
Comme beaucoup d’ambitieux trop pressés, la jalousie qu’il suscite est au moins aussi tenace que sa réputation, celle d’un redoutable acquittator. Quand son prof de droit pénal à la Harvard Law School, Ronald Sullivan, reste impressionné par «son puits d’énergie illimité et son obstination à gagner les affaires qu’il a choisies», certains confrères plus ambivalents saluent son efficacité et sa brutale franchise armés de métaphores fleuries.
«Certains avocats vous poignardent dans le dos. Spiro vous enfonce la lame dans la poitrine»
L’avocat Randy Zelin.
C’est qu’il brouille facilement les pistes, le bougre. Derrière l’élégance cintrée que ce brillant produit de Harvard balade dans les beaux quartiers de Manhattan, se cache un killer des plaidoiries: voilà plus de dix ans que le (tout juste pas) quadragénaire traque le sang, passant des tribunaux aux tabloïds avec la fringale d’un squale dans une zone de baignade. Plus c’est sale, mieux ça gagne. Prenez, par exemple, la sordide affaire du joueur des Patriots, Aaron Hernandez.
Alex Spiro avait intégré la dream team qui a fait acquitté le sportif dans le cadre d’un double meurtre abondamment médiatisé. Trois jours plus tard, un 19 avril 2017, le tight end le plus prometteur des pelouses américaines s’ôtait la vie dans sa cellule. Il avait 27 ans.
Netflix s’en était emparé en 2020:
C’est un signe qui ne trompe pas: dans les bureaux dorés de Manhattan, si tout le monde trimballe un avis sur Spiro, rares sont ceux qui l’entendent. Cet enfant de Boston n’était encore qu’un ordinaire employé au service du procureur de Manhattan, qu’il «bossait déjà comme quatre et toujours en silence». Plongé dans ses dossiers, il réserve sa gouaille à la Cour et balaie la plupart des sollicitations médiatiques d’un silence tempêtueux.
S’il consent, malgré tout, à offrir des formules bien troussées, c’est toujours aux sulfureux TMZ, BuzzFeed ou Page Six et de préférence lorsqu’il sauve les miches des rappeurs du moment. Comme Megan Thee Stallion face à Drake, au début de ce mois de novembre. Quand on sait qu’il a défloré sa vie universitaire en étudiant la psychiatrie, après s’être autoproclamé «garçon le plus sociable de l’école», ça peut surprendre.
A sa décharge, pour espérer tenir en respect l’ego proéminent des molosses de la rime et des nababs en cuissettes, il ne faut pas être une pive en psychologie cognitive. (Surtout quand ils sont en froid avec dame Justice.) Alex Spiro est donc un taiseux, mais qui fait couler beaucoup d’encre.
La presse américaine n’a souvent plus qu’une option, ronger son frein en alignant les rumeurs et les témoignages anonymes. Ici, un proche considère qu’Alex est «toujours trop busy pour papoter ou donner un coup de main». Là, un ancien copain d’études voit en lui «un type arrogant, mais talentueux». «Charismatique,» «grégaire», «magnétique», «malin», «drôle», «égoïste». Ce confrère, encore, qui aurait entendu un procureur de Floride traiter Spiro de «connard» au détour d’une audience. Connard? Une marque d’affection qui revient souvent.
«On vous a dit que Spiro était un con? Vous savez, en Amérique, beaucoup d’hommes ambitieux sont considérés comme des connards. Surtout les célibataires blancs»
Un ancien collègue d’Alex Spiro, lorsqu’il travaillait au bureau du procureur de Manhattan.
Des ragots qui ne décoiffe pas le sniper d’Elon Musk. Les dieux du stade l’adorent et les rappeurs comptent sur lui. C’est d’ailleurs grâce à Alex Spiro que Jay-Z, l’homme aux 99 Problems, a pu s’attaquer au système judiciaire américain (rien que ça). Notamment lorsqu’il avait décidé de poursuivre des responsables de prison, au nom de 29 détenus, dont les vies étaient (selon lui) en danger.
Le milieu du hip-hop à paillettes l’a si bien intronisé que des rumeurs ont récemment couru sur son engagement par celui qui a probablement le plus d’emmerdes aujourd’hui: Kanye West. Le 19 septembre, le NY Post citait des sources (qui sont toujours invariablement) «proches du dossier», jurant que «Ye» s’était adjoint l’aide fatidique de Spiro contre la société Gap.
Le démenti du principal intéressé, obtenu aux forceps, mis fin aux débats, aussi sèchement qu’un coup de maillet sur le bureau d’un juge.
«Je ne représente pas M. West»
De Jay-Z à Musk, l’improbable et dangereuse ascension
Comment une carrière «plus volontiers Jump Street que Wall Street», comme l’écrit joliment le Washington Post, a-t-elle pu mener le chacal des tribunaux dans les algorithmes chahutés de Twitter? Pour en avoir licencié un bonne brouette, on sait Elon Musk allergique aux avocats, ces «grattes-papier inutiles». Depuis quelques années, Mister SpaceX veut des bagarreurs «hardcore», des boxeurs de rue à la Brad Pitt dans le film Snatch. Saul Goodman plutôt qu’Ally McBeal.
Des cravatés entraînés à la dur, qui sauront défendre ses sociétés jusqu’au tapis, mais surtout se coltiner ses caprices au quotidien. Représenter un insomniaque plein aux as qui aligne les tweets sensibles comme il sème la petite graine, ça ne fait pas rêver tous les avocats saints d’esprit. Amen en mai dernier, lorsque Musk publiait une petite-annonce à la hauteur de ses sautes d’humeur. Il fallait sortir les bouées de sauvetage pour Tesla. Spiro était alors déjà le lieutenant personnel du milliardaire depuis quatre ans.
Tesla is building a hardcore litigation department where we directly initiate & execute lawsuits. The team will report directly to me.
Please send 3 to 5 bullet points describing evidence of exceptional ability.
justice@tesla.com
— Elon Musk (@elonmusk) May 20, 2022
Et c’est d’ailleurs cocasse qu’ils soient tombés amoureux: Spiro est un «nettoyeur» vintage, fâché contre les plateformes de streaming, accro à son vieux Blackberry, absent de Facebook ou Twitter, introuvable sur LinkedIn. Personne ne sait comment les deux hommes se sont véritablement rencontrés, apprivoisés, aimés. Surtout, pourquoi, entre eux, ça colle mieux qu’une main de militant climatique sur le bitume.
Un match Tinder explosif que quelques téméraires se sont timidement risqués à déchiffrer. Il y aurait une histoire de «même longueur d’ondes» et ils partageraient «exactement le même humour». Rien de bien folichon. L’indice le plus solide demeure évidemment cette soif commune de gagner des combats hors des rings autorisés.
Spiro et la spirale infernale
Aujourd’hui, l’amis des inculpés bling-bling est l’un des rares êtres humains de confiance dans l’entourage de Musk. Et probablement son client le plus célèbre. A la tête de la «war room» de Twitter, Alex Spiro vole dans les plumes du petits oiseau bleu depuis les premières rumeurs du rachat pour lui faire perdre un peu d’embonpoint et le maintenir en vie. C’est lui, aussi, qui a tenté d’extirper Musk de la première promesse de vente (sans succès). Lui, encore, qui a négocié âprement la transaction finale. Lui, enfin, qui a fait en sorte de liquider 3700 employés sans enflammer (ou presque) le Code du travail.
Selon plusieurs médias américains, dont le Washington Post, Alex Spiro n’est d’ailleurs pas que l’avocat d’Elon Musk et le leader de la meute juridique de Twitter. Il aurait carrément pris les rênes de la société. Faute de mieux pour l’instant? A l’interne, l’avocat est décrit comme un «PDG fantôme qui terrorise le personnel», en tentant de le rassurer. Et notamment sur les récentes remises à l’ordre de la très puissante Agence américaine de la concurrence (FTC).
«Elon envoie des fusées dans l’espace, il n’a pas peur de la FTC»
Alex Spiro, dans une note interne révélée par The Verge.
Si les fins observateurs des géants de la tech le prédisent déjà moins à l’aise et performant dans le tumulte de Twitter que dans la team Jay-Z, il n’est manifestement pas près de couper les ponts avec les pontes du rap game. En avril dernier, devant une assemblée médusée, Spiro a plaidé pour le compte de Telsa en paraphrasant Eminem et sa chanson Without Me.
Allez savoir ce qui nourrit véritablement l’homme qui se planque derrière le pénaliste. Mais il faut croire que, «comme tout avocat sophistiqué, Alex ne peut pas être catalogué», dixit le fondateur du cabinet Quinn Emanuel, l’écurie mondiale pour cols blancs où Spiro n’est autre que «le défenseur aux cinquante dossiers classés».
Pour son professeur de droit pénal, nettement moins terre à terre, «Spiro est aussi réel que possible». Suffisamment pour sauver Elon Musk… d’Elon Musk?
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