Le troisième et dernier jour de la Semaine CanArb 2022, le Comité d’arbitrage d’ICC Canada a tenu sa conférence annuelle intitulée Le nouveau Monde. Les sessions de la conférence ont été réservées par des remarques d’ouverture et de clôture du professeur Janet Walker (présidente, ICC Canada, Atkin Chambers, professeure titulaire, Osgoode Hall Law School) et Myriam Seers (Vice-président, ICC Canada, associé, Savoie Laporte). Les discussions prospectives ont réuni des Canadiens et d’autres praticiens de l’arbitrage international du monde entier, y compris des avocats internes et des arbitres internationaux de premier plan, pour partager des idées pratiques sur des questions clés de l’arbitrage international. Le programme de la conférence a examiné l’avenir de la communauté internationale de règlement des différends, en particulier à la lumière des récents développements juridiques et institutionnels.
Inclure le monde : atteindre l’équité, la diversité et l’inclusivité
La première table ronde a été animée par le Dr Todd Weiler (Arbitre indépendant), et met en vedette le Dr Ayodele Akenroye (FCIArb, arbitre indépendant), l’hon. Clément Gascon(ancienne juge de la Cour suprême du Canada, arbitre, Woods LLP), Dana MacGrath (Arbitre indépendant), et Nancy Thevenin (Avocat général, USCIB). Les panélistes ont partagé leurs points de vue et leurs expériences personnelles avec les défis et les solutions pour augmenter la représentation de divers arbitres et avocats, de la diversité ethnique et de genre aux handicaps «invisibles» tels que le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH).
Les panélistes ont convenu de la nécessité d’élargir le bassin d’étudiants et d’avocats intéressés par l’arbitrage, d’accroître l’intérêt et la sensibilisation, de créer de nouvelles voies avec des bourses et des stages, d’embaucher divers étudiants et de créer des opportunités pour les avocats de gravir les échelons dans le domaine. Le panel a observé que les efforts en faveur de la diversité doivent être intentionnels et a salué le travail de plusieurs organisations et initiatives soutenant la diversité, notamment ArbitralWomenl’engagement de représentation égale dans l’arbitrage (ERA)et l’égalité raciale pour les avocats d’arbitrage (REAL). Il a également été noté que ces questions ne sont pas nouvelles dans le monde de l’arbitrage. Soulignant l’approche que la magistrature fédérale a utilisée au Canada pour accroître la diversité à la magistrature, il a été observé que les institutions responsables des nominations ont délibérément joué un rôle plus actif dans la promotion de la diversité. Enfin, tous les intervenants qui font partie du système doivent réaliser l’importance de mettre la diversité au premier plan, le facteur « caché », alors que nous travaillons tous vers l’inclusivité.
Quatre tables rondes simultanées
La deuxième session de la conférence a offert aux participants un choix de quatre tables rondes tenues simultanément dans différentes salles du McGill Faculty Club, qui ont ensuite été résumées par les animateurs en séance plénière.
La première table ronde, qui a abordé le thème des traités d’investissement « modernes », a été animée par Pierre Bienvenu, Un d. E. (Senior Counsel, IMK sencrl/LLP, Arbitre indépendant, Arbitration Place) et Alexandra Dosman (Conseiller, Bureau du droit commercial, gouvernement du Canada). La discussion a porté sur les principaux changements introduits dans le nouveau modèle d’Accord sur la promotion et la protection des investissements étrangers (APIE) 2021 du Canada), dont la sortie a déjà été discutée en détail sur le Blog. Il y a également eu une discussion animée sur l’introduction de dispositions visant à promouvoir la médiation, les procédures accélérées, le code de conduite des arbitres et l’interdiction générale de la double casquette.
La deuxième table ronde, qui a examiné l’utilisation de la technologie dans les arbitrages internationaux, a été animée par Stephanie Cohen (Arbitre Indépendant) et Michael Kotrly (Avocat, One Essex Court). Les participants ont discuté des aspects pratiques de la technologie dans l’arbitrage, y compris si la familiarité avec la technologie devrait être un facteur dans la nomination d’un arbitre, et comment les praticiens peuvent intégrer la technologie dans leur pratique. La discussion s’est appuyée sur le rapport de la CPI sur l’utilisation de la technologie, qui a été saluée comme une ressource utile pour les avocats et les tribunaux.
La troisième table ronde, sur l’efficacité dans l’arbitrage international, animée par David Roney (Partenaire, Sidley Austin LLP) et Ema Vidak Gojković (Conseil indépendant et arbitre). Les participants ont d’abord discuté de la question de savoir si l’efficacité est toujours souhaitable et ont noté que les tribunaux devraient engager un dialogue avec les parties à cet égard. La discussion s’est ensuite tournée vers la question de savoir si l’efficacité peut se présenter différemment à différentes étapes d’un arbitrage. Enfin, il a été suggéré que certaines pratiques qui étaient autrefois considérées comme inefficaces, telles que les conférences de gestion de cas tout au long d’un arbitrage lorsqu’elles se tenaient en personne, peuvent être efficaces aujourd’hui avec l’utilisation de la technologie.
La quatrième table ronde, animée par Philippe Boisvert (Avocat, Borden Ladner Gervais LLP) et Annie Lesperance (Omni Bridgeway), a été particulièrement populaire et a discuté des atouts de Montréal comme siège d’arbitrage. En particulier, Montréal a été saluée comme un siège fantastique compte tenu de son bilinguisme, de sa double culture juridique et du grand nombre d’arbitres bilingues ayant une expérience en common law et en droit civil. À la suite de la discussion, plusieurs participants ont convenu de créer un comité directeur dont le but sera de faire avancer la place de Montréal sur la scène de l’arbitrage canadien et mondial.
Discours programmé
Meg Kinnear (Secrétaire général, CIRDI) a prononcé le discours d’ouverture. Ses commentaires perspicaces se sont concentrés sur les principaux changements apportés aux règles du CIRDI de 2022, qui a duré cinq ans. La réforme, qui représente le processus de révision des règles le plus étendu de l’histoire du centre, comprend de nouvelles règles de médiation autonomes et un accès élargi aux règles du mécanisme supplémentaire, qui peuvent désormais être utilisées lorsqu’aucune des parties n’est affiliée au CIRDI – créant ainsi un nouveau régime pour Différends administrés par le CIRDI, nouvelles dispositions visant à réduire les délais et les coûts, et dispositions sur la transparence et les conflits d’intérêts, notamment en matière de financement par des tiers. On espère que les nouvelles règles fourniront des conseils aux praticiens sur les questions contestées dans les arbitrages internationaux et renforceront la légitimité de l’arbitrage entre investisseurs et États en améliorant la transparence et en élargissant l’offre de règlement des différends du CIRDI.
Session Tylney modifiée
Cette session Tylney modifiée, un format dans lequel les participants sont invités à soumettre des questions et des observations à l’avance, a été animée par Robert Deane (Associé, Borden Ladner Gervais LLP) avec les panélistes Prof Fabien Gélinas (Professeur titulaire, Chaire Sir William C. Macdonald, Université McGill) et Erin Miller Rankin (Partenaire, Freshfields Bruckhaus Deringer). Sous ce Tylney modifié, ils ont partagé leurs points de vue sur l’avenir de l’arbitrage et ont répondu aux questions du public, dont beaucoup n’avaient pas été soumises à l’avance.
Les panélistes et le public ont d’abord discuté de l’avenir des témoins dans l’arbitrage et ont partagé une préoccupation commune quant à l’importance de permettre à une partie de raconter son histoire et l’importance des histoires pour changer l’avis du tribunal arbitral, tout en notant les inconvénients du lourd influence des avocats sur les déclarations des témoins. La discussion s’est ensuite tournée vers l’avenir des frais d’arbitrage et s’est concentrée sur la question de savoir si un raisonnement plus approfondi est nécessaire à mesure que le montant des frais accordés augmente. Par exemple, une partie perdante peut souhaiter plus de transparence et de standardisation des motifs d’attribution des dépens. Cependant, il a été suggéré qu’il existe de bonnes raisons pour la nature discrétionnaire des décisions relatives aux coûts et que nous devrions aborder la normalisation avec prudence, étant donné que les déterminations des coûts sont très factuelles. Enfin, les participants se sont entretenus avec les panélistes sur la question de savoir si l’arbitrage fait partie d’un système public de justice civile ou s’il se distingue du système de justice civile, faisant écho aux remarques de l’hon. Louise Arbour à la conférence ICCA 2022.
Conférenciers invités spéciaux
Michael Mc Ilwrath (MDisputes ; président de l’Organe directeur de la CCI pour les services de règlement des différends ; président du comité des conseillers juridiques d’entreprise de la campagne pour des arbitrages plus écologiques) a donné un bref aperçu du rôle important de l’Organe directeur dans la supervision de l’arbitrage et de l’ADR de la CCI, et une introduction à la campagne pour Arbitrage plus vert et son Corporate Counsel Committee, y compris des techniques pratiques pour mener des arbitrages de manière rentable et efficace avec un impact environnemental réduit.
Débat sur les sanctions
La dernière session a consisté en un débat sur la question de savoir si les sanctions financières, commerciales et politiques doivent être respectées par les institutions et tribunaux arbitraux, et si une telle adhésion a un impact négatif sur leur neutralité, leur indépendance et leur impartialité. Le débat entre Joseph Chedrawe (vice-présidente, Contentieux, Europe, Moyen-Orient et Afrique, Covington & Burling LLP) et Jessica Crow (Arbitre indépendant, Arbitra International) a été modéré par Colin Trehearne (Conseil, Mori Hamada & Matsumoto).
En guise d’introduction, le modérateur a noté que les sanctions prennent diverses formes, notamment des sanctions commerciales (par exemple, des embargos sur les services), des sanctions financières (par exemple, des gels d’avoirs) et des sanctions en matière d’immigration (par exemple, des interdictions de voyager). Il a été rapporté que l’avocat général de la CPI a déclaré qu’un tiers des arbitrages de la CPI au cours des deux dernières années ont impliqué des sanctions d’une manière ou d’une autre. L’impact sur les institutions d’arbitrage comprend des vérifications de conformité supplémentaires pour identifier le bénéficiaire effectif ultime d’une partie et obliger les institutions à envisager la nécessité de demander des licences aux régulateurs.
Les débatteurs ont soulevé de nombreuses raisons pour leurs positions assignées, naviguant habilement sur les développements par les institutions, les réalités pratiques et les impacts juridiques. La présentation bien documentée et articulée a ajouté une clôture animée aux discussions de la journée.
Conclusion
La conférence du Comité d’arbitrage d’ICC Canada a été un succès retentissant, non seulement pour ses discussions instructives et interactives, mais aussi pour l’enthousiasme palpable partagé par les participants à rencontrer à nouveau la communauté canadienne de l’arbitrage en personne. Le programme intégrant de nombreuses opportunités d’interaction, les participants ont pu, grâce aux conseils avisés des panélistes et des animateurs, se plonger dans les problèmes et se connecter sur les idées, les meilleures pratiques, les défis et la façon de procéder pour l’avenir.
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